
Kehinde Wiley signe un nouveau projet emblématique : Black Rock Sénégal, sa première résidence artistique basée à Dakar.
Artiste majeure s’inscrivant dans la tradition des portraitistes, Kehinde Wiley impressionne par son talent sans équivoque et son engagement. Connu pour ses portraits monumentaux aux accents fleuris, l’artiste américain d’origine nigériane est devenu en l’espace de quelques années une figure incontournable de la scène artistique mondiale et dont certaines oeuvres résident de manière permanentes dans des collections nationales américaines. La pierre angulaire de ses travaux est de questionner la représentation de la race et du genre, les dynamiques de pouvoir et l’importance de la narration. En 2016, il réalise le portrait de Barack Obama et devient le premier artiste afrodescendant à peindre un président en exercice, depuis il ne cesse de monter. De l’exposition “Tahiti” présentée à la galerie Templon à Paris, à l’inauguration de la sculpture monumentale “Rumors of war” à Times Squares à New York, sans parler de la réception du prix de la fondation Gordon Parks, 2019 a clairement été une année prolifique. Et c’est dans cette ébullition et profusion de projets que Kehinde Wiley surprend en lançant, fin mai 2019, sa résidence d’artistes Black Rock.
Kehinde Wiley devant les portes de Black Rock – Credits : Kylie Corwin
Black Rock, un cocon de créativité
Il aurait pu le faire au Nigéria, mais c’est au Sénégal que Kehinde Wiley a décidé de poser les fondations de cette première résidence. L’artiste y entretient depuis plus de 20 ans des liens forts pour ce pays et en particulier pour Dakar. Située en bord de mer dans le quartier de Yoff virage, l’entrée de la résidence Black Rock est à l’image de l’oeuvre de son fondateur : monumentale et imposante. Composé d’appartements, de studios et d’espaces de travail, l’ensemble architectural a été conçu par l’architecte Abib Djenne, l’aménagement intérieur par la sculptrice Fatiya Djenne et la designer Aissa Dione.
C’est dans cet écrin somptueux et minimaliste que les artistes internationaux vont séjourner pendant une durée de 1 à 3 mois. Sélectionnée par un jury, composé entre autres de Thelma Golden (directrice et curatrice en chef du Studio Museum) Swizz Beatz (Artiste, producteur mais aussi fondateur de “The Dean Collection” avec Alicia Keys, qui est une plateforme de soutien aux artistes et de présentation de leur collection privée d’art) ou encore l’artiste Mickalene Thomas, la toute première promotion compte 16 artistes et parmi eux figurent la photographe nigériane Yagazie Emezi, l’artiste visuel brésilien Rafael Rodriguez Gomes Da Silva ou encore l’écrivaine afro-américaine Ytasha Womack.
La résidence artistique Black Rock Sénégal – Credits : Kylie Corwin
Un engagement pour un mouvement de fond
De par la position qu’il occupe aujourd’hui dans le monde de l’art, Kehinde Wiley est en mesure de donner le “la” et d’ouvrir un nouvel agenda invitant le monde à regarder vers l’Afrique. En faisant le choix de Dakar comme ville d’accueil de sa résidence artistique, Kehinde Wiley acte Dakar comme un épicentre du monde de l’art en Afrique de l’Ouest, polarisant ainsi les regards et l’intérêt sur une ville mais aussi sur tout un continent. L’artiste le reconnaît lui-même, l’ambition affichée derrière cette résidence est de susciter un changement dans le discours mondial autour de l’Afrique.
Pour Nadine Hounkpatin, directrice de publication de The Art Momentum, l’initiative est inspirante et très importante. “Qu’un artiste tel que Kehinde Wiley ouvre une résidence en Afrique, c’est vraiment remarquable. C’est un acte fort, un signe d’ouverture et c’est vers là que l’on doit aller : le collaboratif. Le concept de la résidence, même s’il n’est pas nouveau, est extrêmement important dans le développement de la carrière d’un artiste car faire des résidences permet de sortir l’artiste de son environnement quotidien, de lui insuffler une autre forme de créativité et de le connecter au monde. D’ailleurs, on voit de plus en plus d’artistes créer des résidences : Barthélémy Toguo l’a fait avec Bandjoun Station au Cameroun, Peju Alatise avec sa fondation the Alter’native Artist Initiative (A.N.A.I) basée au Nigéria et Yinka Shonibare en prévoit une également pour 2021. Pour ces artistes, c’est comme un retour aux sources et une sorte de “giving back” que l’on rend au continent, pour faire profiter en local de leur expertise et réseaux.”
Entre l’ouverture du Musée des Civilisations Noires il y’a à peine 1 an, la quatorzième édition de la biennale de Dakar en mai 2020 et l’arrivée de Black Rock, Dakar confirme son statut de hub créatif. Il ne reste donc plus qu’à découvrir la fournée créative de la première promotion Black Rock.
Site : https://blackrocksenegal.org
Instagram : @BlackRockSenegal
À LIRE AUSSI